Article de la catégorie: Communiqués de presse
1er août 2025: les discours officiels
Retrouvez ci-dessous les discours officiel prononcés par Marion Houriet, présidente du Conseil communal 2025/2026, et Yvan Luccarini, syndic de Vevey, à l'occasion de la Fête nationale du 1er août 2025.
Marion Houriet
Monsieur le Syndic,
Chères Municipales, Chers Municipaux,
Chères et chers Collègues du Conseil communal,
Chères Veveysannes, Chers Veveysans,
Aujourd’hui il m’a été confié la tâche symbolique de vous parler du Pacte fédéral de 1291. Un texte fondateur de notre pays, signé entre montagnes et forêts il y a plus de 700 ans.
Alors avant de vous le lire, je l’ai lu. En entier. Plusieurs fois. Et c’est là que j’ai remarqué qu’entre ma dyslexie et des phrases alambiquées, cet exercice allait être laborieux. D’autant plus que j’ai également remarqué qu’avec ce texte dans un français presque moyenâgeux, ça n’était pas si simple de comprendre ce que ce Pacte voulait dire. C’était un peu comme une devinette.
Soucieuse de bien tout comprendre avant de vous le restituer, j’ai demandé à des ami.e.s de le lire aussi pour m’aider. Et croyez-le ou non, mais un Pacte ça se lit mieux à plusieurs !
On s’est assis.es, on a lu, on a réfléchi et on a échangé sur ce que ce Pacte voulait nous dire et on a compris une chose : ce vieux texte parle d’un réflexe profondément humain, celui de se serrer les coudes quand le monde devient incertain. Et tout à coup, ça nous a paru sacrément plus actuel !
En 1291 trois communautés de montagne on fait le choix de s’allier avec la volonté de s’entraider, de prendre soin les unes des autres et de résoudre les conflits entre elles, tout en voulant, il est vrai, éviter qu’on décide à leur place (personnellement je n’aime pas ça non plus).
En réalité, ce qu’elles ont signé, c’est un engagement mutuel à avancer ensemble, une sorte d’alliance, de mariage, de pax finalement.
Mes ami.e.s et moi avons également retenu que c’est ce qu’on espère faire perdurer dans notre pays et notre ville. Dans notre diversité, dans nos quartiers, dans nos cultures, on souhaite maintenir l’idée d’un dialogue, de solidarités et de respect. En tous cas on sait que c’est comme ça qu’on voit notre manière de faire société.
Et cette société elle n’est pas faite que par ses cantons, ses vaches, ses montagnes, ses montres et son chocolat (promis, c’est le seul passage cliché de ce discours). La Suisse se construit surtout grâce à la richesse de sa population et celles et ceux qu’on oublie un peu trop souvent.
Alors je tiens aujourd’hui à leur dire merci de construire avec nous notre pays.
Merci aux enfants, à nos ados et aux générations futures à qui nous devons mieux qu’un monde épuisé, sans ressources et divisé.
Merci aux femmes qui ont trop longtemps été exclues de la table des décisions mais qui ont toujours été là pour porter, soigner, organiser, coordonner et souvent tout ça à la fois !
Merci aux personnes étrangères qui vivent ici, travaillent ici, élèvent leurs enfants ici, construisent avec nous notre pays sans toujours avoir leur mot à dire.
Et puis merci à nos ainé.e.s qui ont bâti des pans entiers de notre pays et de cette ville, qui ont vu Vevey se transformer. Ils méritent que nous les respections, que nous les écoutions et que nous apprenions d’elles et eux. Parfois aussi pour éviter de refaire les mêmes erreurs, comme une place du Marché sans arbres, par exemple.
C’est pour elles et eux que nous devons continuer de défendre ce Pacte de 1291 et ce qu’il exprimait : solidarité, équité, dignité et responsabilité partagée.
Aujourd’hui nous fêtons la Suisse qui n’est pas figée mais en mouvement.
Une Suisse que nous façonnons chaque jour à travers nos choix, nos votes et nos engagements. Et aussi avec notre humour, parce que ça aide parfois quand on n’est pas du même avis, et ça, à Vevey, on connait !
Bref, après tout ça, je me suis dit que je n’allais pas vous lire ce Pacte mais que j’espérais vous avoir donné envie de le lire. J'espère que vous en retiendrez ce que mes amies et moi en avons retenu : une invitation au vivre ensemble, à la cohésion sociale, à cultiver ce lien qui fait de nous une communauté.
Prenez soin de vous, de votre voisine et de votre voisin, de celles et ceux qui, chaque jour, contribuent à construire notre pays et notre ville. Souvenez-vous qu’on a le droit de ne pas être d’accord, on a même le droit de se le dire. Mais finalement, c’est quand même vachement mieux de se serrer les coudes pour continuer à avancer, à la montagne ou en plaine, à la campagne ou en ville. Je vous souhaite à toutes et tous une belle journée d’anniversaire commun.
Merci !
Yvan Luccarini
Mesdames, Messieurs,
Au nom de la Municipalité, je vous salue et je vous remercie pour votre présence. C’est en effet un vrai plaisir de vous voir toutes et tous réunis, ici sous la Grenette, pour célébrer notre fête nationale.
J’aimerais tout d’abord remercier toutes les personnes qui s’engagent pour faire de cette manifestation un succès : le personnel de la Ville de Vevey, notamment la voirie et nos secteurs manifestations et communication ; les commerces et associations qui tiennent des stands de nourriture et boissons au bas de la Place du Marché ; et les artistes qui assurent l’animation musicale tout au long de la journée et de la soirée.
J’aimerais aussi saluer tout particulièrement la présence d’une délégation de Carpentras, l’une de nos villes jumelles, située en France dans la magnifique région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’année 2025 marque la 40e année de ce jumelage, qui en étant toujours actif n’est donc pas victime de la crise de la quarantaine. Je vous invite à les retrouver sur leur stand qui est également installé au bas de la Place du Marché.
Le 1er août, c’est jour de fête nationale partout en Suisse, en célébration du pacte d’alliance des premiers Confédérés en 1291. Il est amusant de se rappeler que cette date exacte a été instituée à main levée par le Conseil fédéral en 1891, alors que la Suisse avait 43 ans, comme acte fondateur et donc point de départ des 600 ans d’histoire du pays.
La fête nationale est aussi l’occasion de manifester son attachement à sa patrie, que je conçois comme le lieu où nous vivons au quotidien, où nous créons des liens et des amitiés, où nos enfants vont à l’école, où nous nous engageons dans la vie associative, culturelle, sportive ou politique. C’est un territoire dont nous connaissons un pan de l’histoire, quelques monuments, la nature environnante — et bien sûr, les bistrots. En Suisse, cette idée prend un relief particulier en raison de la structure singulière du pays : on devient d’abord citoyen d’une commune avant d’accéder à la citoyenneté suisse.
Cet ancrage local, à une communauté restreinte, peut et doit être pluriel : une personne profondément investie à Vevey, qui y vit activement, peut tout à fait rester attachée à son Valais natal ou à un coin de monde plus lointain. Être « de Vevey » n’exclut en rien d’être aussi « d’ailleurs ».
Cet enracinement local a quelque chose de chaleureux et de rassurant. Mais peut-on en rester là ?
J’en reviens à la date convenue du 1er août 1291 où les trois communautés alpines ont signé ce fameux pacte, je cite, « en vue de la sécurité et de la paix » et « considérant la malice des temps et pour être mieux à même de défendre et maintenir dans leur intégrité leurs vies et leurs biens ».
Qui osera aujourd’hui prétendre que les temps ne sont pas « malins » ? Catastrophes naturelles et effondrement écologique dont l’origine de l’activité humaine n’est plus à démontrer, régimes autoritaires, guerres et crimes contre l’humanité qui détruisent les droits, les vies et les biens de milliards d’habitantes et d’habitants de notre planète. Cette courte liste n’est malheureusement pas exhaustive.
Dans ces circonstances, un nouveau pacte ne devrait-il pas être à l’ordre du jour ? Un pacte pour la vie, pour un avenir partagé, pour la sobriété, pour la solidarité, pour l’égalité, pour éviter la fin de la civilisation, et pour nous reconnecter, ici et partout dans le monde, avec notre humanité ?
Cela fait d’ailleurs écho au préambule de notre Constitution fédérale qui présuppose notamment que le peuple et les cantons suisses arrêtent le texte de la Constitution :
- résolus à renouveler leur alliance […] dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde,
- déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité,
- conscients […] de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures,
- sachant […] que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres.
Je vous invite donc à mobiliser toutes vos énergies, ici et maintenant, afin de donner vie à ce projet un peu audacieux, mais ô combien essentiel.
Et en guise de conclusion, au nom de la Municipalité, je vous adresse mes meilleurs vœux en cette journée de fête nationale.